Le portrait : Les inspirations de Steven Spielberg

Souvent considéré comme le plus grand réalisateur de l’histoire, il était évident qu’un portrait de Steven Spielberg serait le choix idéal pour inaugurer le premier numéro de Cinérama. Le documentaire de Michael Prazan illustre parfaitement comment Spielberg a été influencé dès son enfance par une variété d’oeuvres provenant de différents médias : cinéma, télévision, documentaires et comics. Dans ce portrait, nous allons explorer les sources d’inspiration mentionnées dans Spielberg, l’homme et l’enfant et examiner leur lien avec certains de ses films les plus emblématiques.

Cecil Blount DeMille, d’origine juive allemande par sa mère, fut l’un des pionniers d’Hollywood. Il a commencé sa carrière dès 1914 et est notamment connu pour ses films Cléopâtre et les années 50, ce pionnier artistique d’Hollywood, qui avait débuté dans le cinéma muet, exerçait toujours une forte influence sur les spectateurs.

Rencontres du troisième type (1977) est un film marquant, car il mélange habilement les diverses influences de Spielberg. François Truffaut, un réalisateur de film d’auteur multi récompensé, y joue un rôle dans ce blockbuster qui allie science-fiction spatiale et drame familial. Spielberg intègre astucieusement ses inspirations, tirées à la fois de la télévision et de la fascination des Américains pour les OVNIS dans les années 1950, période durant laquelle de nombreux témoignages de citoyens sur des apparitions d’OVNI ont terrorisé la population.

The Fabelmans (2022), le film le plus autobiographique de Spielberg, met en avant une scène de Le Plus Grand Chapiteau du Monde, réalisé par Cecil Blount DeMille en 1952, que le jeune Spielberg va voir au cinéma avec ses parents. C’est notamment la scène de la collision du train qui l’impacte profondément. A l’aide du caméscope de son père et d’un train électrique reçu pour Hanoucca, il tentera de recréer cette scène à de multiples reprises.

Les 400 Coups, Palm d’Or en 1959, est le premier film de François Truffaut. Spielberg le mentionne dans sa liste de films favoris, ce qui semble évident, tant ce film est une référence incontournable du cinéma de l’enfance.

Radar Men from the Moon est une série télévisée en 12 épisodes datant de 1952. Elle met en scène un affrontement spatial entre les Terriens et les habitants de la Lune. Spielberg fait partie des premiers réalisateurs influencés par la télévision, qui diffusait alors de nombreux contenus de science-fiction, souvent considérés comme de simples divertissements pour enfants. Spielberg, ainsi que George Lucas, s’inspireront de ces influences pour créer des œuvres déterminantes, comme Rencontres du troisième type.

The Twisted Cross est un téléfilm qui retrace l’ascension et la chute du mouvement nazi. Steven Spielberg a découvert ce film étant enfant lors de sa projection dans sa classe. Sa génération fut l’une des premières à voir des images de l’horreur de la Shoah ( il est d’ailleurs intéressant de noter que Nuit et brouillard de Alain Resnais est sorti la même année.) On peut évidemment établir un lien avec La Liste de Schindler, notamment dans la manière de représenter l’horreur des camps, mais aussi avec la relation de Spielberg à son héritage juif, un thème que l’on retrouve également dans The Fabelman.

Spy Smasher est un aviateur et super héros dont les aventures ont été publiées en comics, en série TV et en film.

James Bond contre Dr No, le premier film de la saga 007, sort en 1962. Ce film exerce une énorme influence sur Spielberg, qui choisira même Sean Connery, l’interprète du premier James Bond au cinéma, pour jouer le père d’Indiana Jones.

Avec son ami George Lucas, Spielberg crée la saga Indiana Jones, qui raconte les aventures d’un archéologue interprété par Harrison Ford.

Le film s’inspire de James Bond – au point d’emprunter le costume blanc de 007 du film Goldfinger de 1965 dans Le Temple Maudit – mais également de nombreux serials télévisés de son enfance, comme Spy Smasher. Spielberg reprend des caractéristiques de ces histoires (un aventurier, un héro au costume identifiable, des combats contre les nazis) pour façonner un personnage unique avec sa propre mythologie. Ainsi, Indiana Jones devient un héro de série, mais cette fois au cinéma, avec cinq films réalisés en près de quarante ans.