Le film événement : The Brutalist

Véritable phénomène, le film The Brutalist est depuis le 12 février à l’affiche. Un film monumental qui raconte l’histoire de László Tóth, architecte visionnaire fuyant l’Europe d’après-guerre, qui arrive alors en Amérique pour y reconstruire sa vie, sa carrière et le couple qu’il formait avec sa femme, Erzsébet.

The Brutalist n’est pas un biopic : László Tóth, le personnage principal interprété par Adrien Brody, n’a jamais existé, bien qu’il existe un homonyme célèbre pour avoir vandalisé à coups de marteau la Pietà de Michel-Ange dans les années 1970. Le cinéaste Brady Corbet, qui a également scénarisé le film avec sa compagne Mona Fastvold, a créé le personnage en s’inspirant des nombreux Juifs fuyant l’Europe après la guerre pour trouver une nouvelle vie aux États-Unis. De nombreux architectes et designers sont cités comme sources d’inspiration pour le film (notamment Munio Gitai Weinraub), mais László Tóth n’est inspiré d’aucun d’eux, ou plutôt de chacun d’eux, puisque le personnage est une construction, un assemblage des vies de ces figures. Ainsi, le film parvient à mettre en lumière la vie de nombreux artistes, mais aussi celle d’une multitude d’immigrés venus d’Europe de l’Est et cherchant à trouver leur place aux États-Unis.

Munio Gitai Weinraub (père d’Amos Gitai), architecte né en Pologne en 1909 et mort à Haïfa en 1970, est notamment cité comme source d’inspiration pour le personnage principal du film. Après avoir étudié à l’école du Bauhaus en Allemagne, il s’installe en Israël en 1934 et y importe ce style architectural. Il aura notamment la responsabilité de planifier la construction de Yad Vashem dans les années 1950.

Le film fait écho à plusieurs mouvements architecturaux du 20e siècle. D’abord, le nom du film provient de la forme architecturale brutaliste, popularisée au 20e siècle par Le Corbusier, notamment. L’École du Bauhaus est également mentionnée dans le film par le personnage principal.

La force du film vient notamment de ses scènes de construction et de création architecturale, ainsi que de sa capacité à mettre en valeur les formes et matières utilisées pour bâtir les projets du personnage principal. On comprend également à quel point ces différents courants architecturaux sont en adéquation avec les événements du 20e siècle (reflet des traumatismes vécus durant les périodes fascistes), mais aussi avec le développement de nouvelles sociétés. Le style Bauhaus, justement, fut très utilisé pour bâtir des habitations à Tel Aviv dès les années 1930, car son style épuré et son aspect fonctionnel correspondaient alors parfaitement aux besoins de la jeune ville.

Le film, déjà multi-récompensé dans de multiples compétitions, est en lice dans 10 catégories aux Oscars 2025, notamment pour le prix du meilleur film et du meilleur réalisateur. Après un premier Oscar il y a 20 ans pour Le Pianiste de Roman Polanski, Adrien Brody a reçu l’Oscar du meilleur acteur pour The Brustalist.