Ce mois-ci, nous allons nous intéresser au traitement réservé à la fête de Hanouka à travers plusieurs films, pour comprendre comment la symbolique, la signification et les codes de cette fête sont retravaillés pour servir le récit, ou bien même devenir le sujet principal de films ou même d’une catégorie de films.
An American Tail
Ce dessin animé réalisé par Don Bluth et sorti en 1986 raconte l’histoire d’une famille de souris juives, les Souriskewitz, vivant en Russie en 1895. Persécutée à cause de sa religion, la famille va tenter d’émigrer en Amérique pour y trouver une vie meilleure. Le film commence lors d’une célébration de Hanouka par la famille Souriskewitz. C’est l’occasion pour le père d’offrir des cadeaux à ses enfants, mais également de parler de ses espoirs à ses enfants en évoquant l’Amérique, une terre où « il n’y a pas de chats pour les persécuter » (les chats sont les équivalents des Cosaques pour les souris dans le film). Le film utilise donc Hanouka dès sa première scène pour symboliser les enjeux : il y a d’abord l’espoir de trouver refuge dans un monde meilleur et il y a également la volonté pour la famille de préserver son unité, la lumière de son foyer, que ce soit dans le froid glacial d’un soir de Hanouka en Russie ou durant son voyage périlleux vers le Nouveau Monde.
Friends
Dans l’épisode 7 de la saison 10, Ross, un des personnages principaux de la série, veut transmettre l’histoire de Hanouka à son fils. Derrière son côté humoristique, l’épisode met en avant la difficulté pour Ross (qui se dit lui-même « à moitié juif ») de transmettre l’histoire et la symbolique de cette fête à son fils, forcément plus intéressé par Noël et par la figure familière du Père Noël.
Les comédies romantiques
Dans le même registre des comédies romantiques de Hanouka calquées sur celles de Noël, on a également vu le jour. Ces films reprennent les mêmes codes du genre (duo amoureux en période de fin d’année), mais amènent une nouvelle esthétique (la Hanoukkia remplaçant le sapin de Noël sur les affiches), permettant ainsi d’amener un peu de nouveauté dans un genre cinématographique dont les codes ont été surexploités.
Il arrive que la fête de Hanouka fasse également partie des films romantiques de Noël. Dans des comédies très populaires comme The Holiday ou Love Actually, Hanouka est comme un équivalent de Noël, une sorte de variante pour certains personnages. Ici, la fête n’est pas vraiment utilisée pour sa dimension symbolique, mais plus pour marquer un moment de rassemblement et d’unité entre proches, et pour tenter de caractériser un ou plusieurs personnages dans le film.
Call my by your name
Véritable phénomène lors de sa sortie en salle en 2017, le film raconte l’histoire d’amour entre Elio (Timothée Chalamet) et Samuel (Armie Hammer) durant l’été 1983 en Italie. Dans le film, le judaïsme des deux personnages principaux est quelque chose qui se doit d’être discret, tout comme leur homosexualité. Elio dira même de sa famille qu’ils sont des « Jews of discretion ».
Lors de la scène finale, Samuel annonce au téléphone qu’il va se marier. C’est alors le 7ᵉ soir de Hanouka, et Elio est partagé entre la tristesse de voir son histoire avec Samuel s’achever, mais également la joie d’avoir vécu une romance aussi forte.
Hanouka, parce que fête religieuse, lui rappelle forcément son ex-amant avec qui il pouvait assumer le fait d’être juif. De plus, comme dans la symbolique de la fête, la lumière triomphe, et le film se termine sur un sourire du jeune Elio dont le visage est illuminé par le feu de la cheminée.